Un adieu en images : la Bpi métamorphosée pour la dernière exposition de Pompidou
“Rien ne nous y préparait – Tout nous y préparait” : c’est le nom de la dernière grande exposition du Centre Pompidou avant sa fermeture pendant 5 ans. Sur les 6000m2 de la Bpi presque vacante, le photographe allemand Wolfang Tillmans livre une exposition monumentale, foisonnante, pensée en interaction ludique avec le deuxième étage de […]

“Rien ne nous y préparait – Tout nous y préparait” : c’est le nom de la dernière grande exposition du Centre Pompidou avant sa fermeture pendant 5 ans. Sur les 6000m2 de la Bpi presque vacante, le photographe allemand Wolfang Tillmans livre une exposition monumentale, foisonnante, pensée en interaction ludique avec le deuxième étage de la bibliothèque. Certains reconnaîtront peut-être un célèbre portrait de Frank Ocean, mais ici, Tillmans se déploie dans toute sa richesse : 40 ans de création rassemblés autour d’une réflexion sur les bouleversements sociétaux des dernières années. Le résultat : une expo qui bouscule les codes de l’exposition photo classique, à découvrir jusqu’au 22 septembre 2025.
Un lieu d’exception pour une exposition foisonnante
Exposition Pompidou Wolfang Tillmans – Claire
Dès les premiers pas dans l’espace métamorphosé de la Bpi, on est happé par l’ampleur de l’accrochage. Les murs sont transformés en véritables constellations d’images et sous les gros tuyaux bleus de Pompidou, les photos prennent leur quartier : certaines, immenses, s’étalent sur des pans entiers, d’autres, minuscules, sont simplement scotchées au mur colonisant chaque recoin possible. Difficile de résumer l’œuvre de Tillmans tant la diversité de ses clichés impressionne : de ses premières images dans la contre-culture des années 90, aux paysages urbains, portraits, expérimentations abstraites, observations astronomiques, distorsions numériques, fragments de vie… Wolfang Tillmans embrasse tout, observe tout, en cherchant à chaque fois à dire l’universel à travers l’intime. Au total, près de 3 000 œuvres couvrent plus de quarante ans de création, accrochées sans logique chronologique. C’est justement cette approche non linéaire qui donne toute sa force à l’exposition, favorisant une déambulation libre et contemplative (particulièrement agréable dans un espace si vaste). Ici, rien de figé : les œuvres anciennes et actuelles se confrontent et se répondent. Bien plus qu’une rétrospective, l’artiste propose un dialogue entre le présent et les chemins qui nous y ont menés. Et on l’aperçoit bien vite : Tillmans y déploie une approche politique affirmée, dans laquelle il interroge notre époque globalisée, les mutations économiques, sociales, médiatiques depuis 1989, l’Europe, nos façons de vivre ensemble.
La bibliothèque comme actrice de l’expo à part entière

Ce qui rend l’exposition bien particulière -et ce pourquoi on l’a appréciée- c’est son jeu avec le lieu : la Bpi, transformée en partenaire de création plus qu’en simple espace d’affichage. En visite en 2022, Tillmans a eu un coup de cœur pour l’esprit du site, qu’il voit comme un reflet de la société urbaine, vivante, mouvante… Un aspect pleinement intégré à l’exposition, qui rend en partie hommage à la bibliothèque. Pour cette exposition inédite, le Centre Pompidou lui a laissé carte blanche : alors forcément, le photographe réputé pour avoir révolutionné l’accrochage dans ses expositions photos, s’est bien amusé ! Riche de son ancrage dans ce lieu de réflexion par excellence, l’exposition explore également nos façons de produire, de partager et de stocker le savoir. Si la plupart des installations de la Bpi ont disparues, l’esprit de la bibliothèque plane toujours : deux longues étagère encore pleines de livres subsistent au milieu d’immenses photos de Wolfang Tillmans, et de grandes tables ponctuent l’espace, exposant archives, extraits de journaux, d’études scientifiques, et même d’anciens paperboards de la Bpi ! L’installation la plus intrigante ? Un îlot de 60 écrans d’ordinateurs de la Bpi, qui diffusent des images tournées en novembre 2024 : des usagers de la bibliothèques filmés dans leurs occupations habituelles. Un bel hommage à l’apprentissage libre et à la fonction sociale de la bibliothèque qui a accueilli pendant près de cinquante ans lecteurs, étudiants, personnes en quête de tranquillité…
Une exposition ludique et protéiforme

L’exposition ne se limite pas à la photographie et séduit par son aspect ludique et protéiforme. Des installations sonores et vidéos viennent enrichir le parcours. Dans une salle plus intime, on s’assoit pour écouter Tillmans parler de ses idées de films, de sa fascination pour les technologies numériques en même temps de notre ignorance face à ce qui les constitue : les câbles invisibles, les circuits mystérieux. Un scanner installé in situ semble même scanner le plafond de la Bpi, s’inscrivant dans la perpétuelle réflexion sur la lumière dans le travail de Tillmans. Pour naviguer dans cet ensemble artistique foisonnant, pas de longs panneaux explicatifs, mais un petit carnet accompagne la visite (à ne pas oublier à l’entrée !), expliquant espace par espace la démarche de l’artiste et l’histoire de certaines œuvres clés.
Informations pratiques
A voir jusqu’au 22 septembre,
14 euros tarif réduit, 17 euros plein tarif
Place Georges-Pompidou, 75004 Paris
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