Mais pourquoi y a t-il des mouettes à Paris ?

Certains jours, le rire strident des mouettes et la clameur rauque des goélands donnent à la capitale des airs de ville littorale. Une présence sonore qui dérange certains -jugée trop bruyante- et qui en enchante d’autres, charmés par cette touche marine. Dans tous les cas, leur présence en plein milieu de la capitale, si loin […]

Jun 3, 2025 - 18:25
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Mais pourquoi y a t-il des mouettes à Paris ?

Certains jours, le rire strident des mouettes et la clameur rauque des goélands donnent à la capitale des airs de ville littorale. Une présence sonore qui dérange certains -jugée trop bruyante- et qui en enchante d’autres, charmés par cette touche marine. Dans tous les cas, leur présence en plein milieu de la capitale, si loin de leurs vagues d’origine, peut surprendre. Pourquoi retrouve-t-on ces oiseaux marins à Paris ? On vous explique.

Des mouettes et goélands à Paris, depuis 1990

Mouette à Paris - Adobe Stock
Mouette à Paris – Adobe Stock

La Seine ouvre bientôt à la baignade, certes… mais on est quand même bien loin de la mer et des côtes atlantiques, paradis des mouettes. Ces oiseaux marins n’ont pas toujours été à Paris : ils n’y sont arrivé que depuis le début des années 1990, aux côtés des goélands. Selon Xavier Japiot, expert de la Biodiversité à la ville de Paris, «Petit à petit, ils se sont installés à l’intérieur des terres, comme à Paris, en suivant les embouchures des grands fleuves comme la Seine ou la Loire pour s’abriter des grands froids hivernaux et trouver plus aisément de la nourriture ». La raréfaction de leur nourriture sur le littoral -à cause de l’activité humaine- est donc en partie responsable de ces migrations : à Paris, ces oiseaux n’ont pas de mal à se nourrir des ordures d’humains. La Ligue de protection des oiseaux (LPO) estime que la ville accueille jusqu’à 5 000 mouettes, entre juillet et mars. À cela s’ajoutent les goélands : originaires de Bretagne ou de la mer du Nord, ils ont quitté les vents marins pour nicher dans les ponts, les recoins des immeubles ou encore les toits parisiens qui leur rappellent leurs falaises côtières d’origine. Si cette population reste assez limitée, elle varie au cours de l’année.

Entre touristes de passages et nouveaux Parisiens

Si certains de ces oiseaux marins se sont durablement installés à Paris, d’autres -la majorité en réalité-, ne sont que de passage. Chaque année parmi les mouettes, certaines atterrissent sur les quais de Seine après un long périple : dans la capitale se côtoient des mouettes de Finlande, de Lituanie, de Pologne, de Russie… Ces touristes venues d’Europe de l’est et du nord de l’Europe hivernent à Paris pour éviter les grandes vagues de baisse de température, le gel, et profiter de la nourriture abondante trouvée dans la ville, avant de repartir aux beaux jours se reproduire dans leur région d’origine. Alors qui sont les nouveaux parisiens à plumes, installés à terme ? En partie les goélands, plus sédentarisés : le goéland argenté, venu de la côte atlantique, le goéland leucophée (méditerranéen) ou encore le brun. Les mouettes rieuses, elles aussi, y élisent domicile. Tout ce petit monde a trouvé refuge sur les berges de la Seine et les canaux, ou encore dans les lacs des bois de Vincennes et de Boulogne. Certaines sont particulièrement friandes du pont du Garigliano, devenu un de leurs sports préférés. En Île-de-France, on estime leur nombre total entre 50 000 et 100 000 individus en plein hiver.

D’autres drôles d’oiseaux à Paris

Cormoran sur les bords de Seine - Adobe Stock
Cormoran sur les bords de Seine – © Adobe Stock

Les mouettes ne sont pas les seules à avoir petit à petit élu domicile dans la capitale. Ces dernières années, la biodiversité de Paris s’est enrichie de plusieurs oiseaux peu communs dans les villes. De grands cormorans, ces imposants oiseaux noirs de mer, viennent aussi passer l’hiver sur les rives de la Seine avant de repartir à la belle saison vers les pays de l’Est. On les voit parfois pêcher dans la Seine, faire la sieste près du pont d’Austerlitz ou sur l’Île aux Cygnes, avant de retourner dormir en banlieue parisienne auprès de leurs colonies de reproduction (comme à l‘Île-Saint-Denis). Plus étonnant encore : la capitale est aussi devenue lieu d’accueil d’un oiseau de montagne depuis les années 2000, la bergeronnette des ruisseaux. Et depuis 2020, des hérons arrivés en provenance de la Courneuve surprennent aussi dans certains points d’eau parisiens.

Des oiseaux plus malins en ville ? 

D’après une étude récente parue dans Frontiers in Ecology and Evolution, les mouettes et goélands vivant en ville auraient développé un cerveau plus gros que leurs congénères restés sur les côtes. Une évolution qui s’expliquerait par leur nécessaire adaptation aux défis de la vie urbaine… Voler des cornets de glace, des sandwichs, repérer les meilleurs spots : autant d’épreuves qui sollicitent leur intelligence au quotidien et les ont rendu plus téméraires, futés, et parfois agaçants. 

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Mouette parisienne © Adobe Stock