Dorothée Delaye signe la métamorphose d’une adresse iconique de la Côte d’Azur

Connaissiez-vous l’adresse avant de vous attelez à ce projet ?

J’étais familière de l’institution pour avoir passé du temps dans le village d’Eze bord de mer. Je connaissais tous les codes et l’histoire de la Riviera française, tout comme les joyeux de l’architecture Belle Epoque, dont la Villa Kérylos et la Villa Ephrussi de Rothschild, ainsi que les fondations crées à la même époque.

Qu’est-ce vous plait particulièrement ici ?

Ce sujet était l’occasion d’affirmer mon univers qui cultive l’art du contraste et l’élégance solaire dans un site d’exception. J’ai pris beaucoup de plaisir à réaliser cette rénovation qui se poursuivra avec la construction et rénovations de plusieurs suites dans le même style narratif et extrêmement raffiné.

Quel était le point de départ de votre intervention ?

C’est un univers d’histoires avant tout et d’une rencontre. La Société des Bains de Mer et la principauté m’ont confié un sujet assez politique et d’envergure, je devais donc rendre hommage à cette institution, plus qu’apposer ma signature. Je travaille toujours à partir d’un lieu et d’un ancrage. J’aime contextualiser chaque projet et lui donner une âme : réveiller les belles endormies…

Pendant combien de temps avez-vous mené le projet ?

Le projet a été conçu en un temps record ce qui lui a permis de ne pas être trop étioler, aux alentours de huit mois. Je préfère les projets qui vont vite, ils respectent le geste premier de l’architecte d’intérieur. J’aime le mélange, les correspondances inattendues, les atmosphères cousues mains. Je ne m’interdis rien, tant que l’ensemble reste sincère et vibrant.

Quels sont les différents espaces et comment les avez-vous aménagés ? 

Ce projet est pensé en plusieurs phases. Cette année nous avant dessiné l’ensemble de la piscine, du restaurant du Deck attenant, et les futures tentes de la plage qui seront déclinées l’an prochain. Nous travaillons actuellement sur la conception des suites qui verront le jour la veille de l’anniversaire des 100 ans du club. 

Avez-vous dessiné du mobilier sur mesure ?

Nous avons dessiné presque la totalité du mobilier : tables en lave émaillée, tables Soleil en bois exotique, fauteuils, transats, chiliennes, « daybeds » et salons. Nous avons prescrit et refait faire des chaises en rotin retrouvées dans les archives.

Quelles étaient vos influences pour composer ce décor ?

La mémoire. Pas une mémoire figée ou muséale mais une histoire vivante et familière. Ce qui m’a touchée dans cette institution, c’est son potentiel de transmission : les générations se succèdent et les souvenirs se superposent. J’ai voulu retrouver l’esprit des années 30, ce chic balnéaire, solaire, un peu décadent mais sans nostalgie.

Comment avez-vous conçu la palette chromatique ? 

Je souhaitais avant tout m’intégrer complètement dans le paysage naturel sans apposer sans brusquer ou dénoter comme si cela avait été toujours là. Le rouge de la façade, les treillages de bois, les banquettes courbes, les rayures vert sauge…un bois exotique qui se fond dans la végétation luxuriante. C’est un club avec ses rituels, ses fidèles, ses usages, et j’ai voulu l’accompagner dans cette renaissance.

Quel est votre espace préféré et pourquoi ?

J’aime les banquettes rondes du restaurant conçues pour accueillir huit personnes. Elles permettent de parler à tout le monde. J’ai pensé aux mélanges de générations notamment pour que l’on puisse suivre toutes les conversations. J’aime les lieux qui rassemblent. Sans oublier le ponton iconique qui permet aux bateaux d’accoster le temps d’un déjeuner ou d’une nuit à l’hôtel.

Quels sont vos projets du moment ?

Nous travaillons sur des projets très variés en France et à l’étranger. Plusieurs hôtels 5 étoiles dans le sud et sur la côte atlantique. Plusieurs restaurants dans des hôtels de luxe au Maroc, dont le premier de 2 000 m2 ouvrira à Marrakech en décembre prochain. Et plusieurs projets à Londres et en Arabie Saoudite encore confidentiels …Sans oublier bien sûr notre studio de design qui travaille activement sur la suite de notre ligne de mobilier, dont un solo show sera présenté à Londres avec Invisible Collection début 2026.