Laurent Lafitte : "l'oeuvre comme la vie de Marcel Pagnol sont bouleversantes"
Rencontre avec les acteurs Laurent Lafitte et Géraldine Pailhas, au casting vocal du film deSylvain Chomet "Marcel et Monsieur Pagnol" présenté au 78e Festival de Cannes.

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Marcel et Monsieur Pagnol, biopic introspectif d'un géant
Sylvain Chomet, dessinateur et réalisateur, célèbre pour l'inoubliable Les triplettes de Belleville, présentait lors du 78e Festival son nouveau film d'animation Marcel et Monsieur Pagnol. Un très beau récit, où le grand auteur et cinéaste Marcel Pagnol se fait double. En effet, âgé et au sommet de sa gloire, il revisite son passé à l'invitation d'une rédactrice du magazine Elle, et entreprend la rédaction d'un feuilleton littéraire. Et dès les premières pages, l'enfant qu'il était lui réapparaît. Un dialogue émouvant entre le jeune Marcel et l'académicien, icône de la littérature et du cinéma, s'engage alors.
Marcel et Monsieur Pagnol se distingue évidemment par son dessin et son animation, mais surtout par une écriture fine et ambitieuse, explorant les forces et les faiblesses du personnage, son rapport à ses parents et à son art, à la célébrité et aux femmes, à sa région natale enfin. Laurent Lafitte prête sa voix à Marcel Pagnol, trouvant l'accent juste de la langue régionale chère à l'auteur, et Géraldine Pailhas prête elle sa voix à sa mère, Augustine Pagnol. Nous les avons rencontrés.
Qu'est-ce qui, dans ce projet Marcel et Monsieur Pagnol, vous a séduit ?
Laurent Lafitte : Ce qui est intéressant, c'est que lorsqu'on raconte la vie de Marcel Pagnol, on y entre par son oeuvre, et sa vie est tout aussi bouleversante ! Et je crois que c'est la cohérence des très grands artistes. Sylvain Chomet a mis son grand talent au service de ce récit. Et son cinéma est très poétique, tout en différant de la poésie de Pagnol.
Il fallait bien toute cette poésie pour rendre compte du grand héritage deMarcel Pagnol...
Géraldine Pailhas : J'ai entendu Nicolas répondre à une question, déclarant que 90% des dialogues du film sont des dialogues de Marcel Pagnol. Nicolas Pagnol, son petit-fils, a été très présent. C'est un des interlocuteurs les plus précieux qu'on pouvait avoir pour ce film. Sylvain Chomet et lui sont très proches.
Quelle a été votre rencontre avec l'oeuvre de Marcel Pagnol ?
Laurent Lafitte : Ce sont mes premières émotions de lecteur. Les premiers romans que j'ai lus, qui n'étaient pas des romans de jeunesse, étaient La Gloire de mon père et Le Château de ma mère. J'ai découvert son cinéma plus tard, et j'ai mis du temps, j'ai dû faire un effort pour rentrer dedans parce que c'était très différent du cinéma que j'appréciais alors. Et j'ai regretté que ça m'ait pris du temps à y être sensible... J'espère que le film de Sylvain Chomet pourra épargner aux jeunes générations ce temps que j'ai perdu, et qu'ils auront envie de découvrir ce cinéma qui est très sensible et poétique, avec des sentiments qui sont parfois graves, qui vont loin. C'est un cinéma qui doit être redécouvert par la jeunesse.
Géraldine Pailhas : J'ai très vite été attiré aussi bien par la littérature que par le cinéma de Marcel Pagnol. Je suis originaire de la région, et ses paysages étaient les miens. Ses personnages, ses histoires, pour moi c'était juste devant ma fenêtre. J'avais l'impression d'un terrain de jeu partagé. J'avais 8 ou 9 ans, et en tant que marseillaise c'était presque un passage obligé, il fallait connaître l'oeuvre de Pagnol. Certains l'ont repoussé, mais moi au contraire j'ai chéri ça de toutes mes forces.
Ça a été comme un marqueur amoureux, dans ma manière d'aimer la littérature et le cinéma, pendant toute ma vie. "Pagnolesque" est un mot que j'emploie souvent, pour parler d'oeuvres qui ont rapport au souvenir. Par exemple, The Fabelmans de Steven Spielberg a un côté Pagnol. Ces hommes très talentueux qui revisitent leur enfance en étant capable de raconter des détails, des émotions précises... Quand on est conviés à ce type de récit, je crois qu'il n'y a rien de plus magique.