L’Hôtel de Ville accueille la nouvelle fresque d’un habitué des murs parisiens

Le célèbre artiste américain Shepard Fairey, alias Obey ou Obey Giant, s’apprête à dévoiler une nouvelle œuvre monumentale sur la façade de l’Hôtel de Ville de Paris, visible dès le 19 juin 2025. À cette occasion, retour sur ses œuvres dans les rues de Paris. Une nouvelle œuvre engagée sur l’Hôtel de Ville    Voir […]

Jun 19, 2025 - 01:55
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L’Hôtel de Ville accueille la nouvelle fresque d’un habitué des murs parisiens

Le célèbre artiste américain Shepard Fairey, alias Obey ou Obey Giant, s’apprête à dévoiler une nouvelle œuvre monumentale sur la façade de l’Hôtel de Ville de Paris, visible dès le 19 juin 2025. À cette occasion, retour sur ses œuvres dans les rues de Paris.

Une nouvelle œuvre engagée sur l’Hôtel de Ville 

 

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L’artiste américain, reconnu pour son engagement environnemental, habillera la façade de l’Hôtel de Ville d’une création inédite et symbolique. Révélée le 19 juin, elle marque l’inauguration de l’exposition “Paris-Bélem : 10 ans d’actions mondiales pour le climat”, qui célèbre une décennie de mobilisation écologique depuis l’Accord de Paris. Des aperçus de cette future œuvre ont déjà été révélés, laissant entrevoir un visage féminin divisé en deux, qui laissera visible la partie centrale du bâtiment. Cette nouvelle fresque porte la signature visuelle caractéristique de Shepard Fairey : son fidèle code couleur rouge et bleu, un style inspiré de l‘Art nouveau, et sous chaque œil, une larme teintée de rouge. L’œuvre est accompagnée de mots forts : “Respect”, “Earth”, “Resist”, “Unite”, qui résonneront dans la capitale jusqu’à décembre.

Plusieurs fresques monumentales à Paris

Devenu mondialement célèbre en 2008 avec Hope, son portrait iconique de Barack Obama pendant la campagne présidentielle, Shepard Fairey a marqué le paysage parisien de plusieurs œuvres monumentales entre 2012 et 2016, principalement dans le 13e arrondissement, cœur battant du street art parisien.

Earth Crisis de Shepard Fairey en 2015 -@unoeilquitraine y sur Instagram
Earth Crisis de Shepard Fairey en 2015 -@unoeilquitraine y sur Instagram

En réalité, le choix de Shepard Fairey pour réaliser cette nouvelle œuvre sur l’Hôtel de Ville n’est pas fortuit. Dix ans plus tôt en 2015, lors de la COP21, l’artiste avait déjà marqué les esprits avec Earth Crisis : un globe de 8 mètres de diamètre suspendu entre le premier et le deuxième étage de la Tour Eiffel, à plus de 60 mètres du sol. Cette installation impressionnante présentait un mandala de motifs floraux évoquant l’harmonie avec la nature, le tout contrebalancé par huit images symbolisant les menaces environnementales.  Quelques mois plus tard, en juin 2016, la fresque Delicate Balance réalisée rue Jeanne d’Arc dans le 13e arrondissement, déclinait le visuel d’Earth Crisis sous forme de fresque murale.

Earth Crisis, Obey Giant - @streetart_official sur Instagram
Earth Crisis, Obey Giant – @streetart_official sur Instagram

Liberté, égalité, fraternité

Liberté, Egalité, Fraternité - Obey
“Liberté, Egalité, Fraternité” – Obey Crédit : Galerie Itinerrance

Cette fresque est certainement celle qui a le plus marqué les esprits, et pour cause : au-delà de la rue Nationale dans le 13e  (où on ne peut pas la louper), vous l’avez sûrement aperçue dans plusieurs allocutions présidentielles d’Emmanuel Macron. Réalisée en hommage aux victimes des attentats du 13 novembre 2015, alors que l’artiste était présent pour installer Earth Crisis sous la Tour Eiffel, elle représente une Marianne auréolée des couleurs du drapeau français, accompagnée de la devise nationale “Liberté, égalité, Fraternité”. Parmi toutes les œuvres de Shepard Fairey, celle ci a connu une destinée particulière : sa signification a évolué au fil du temps. Retour en 2017 : Emmanuel Macron, alors candidat à la présidentielle, reçoit des mains de l’artiste une reproduction de sa fresque. Quelques mois plus tard, élu président, cette Marianne s’installe en fond nombreuses interventions officielles, notamment lors des vœux présidentiels de 2018. Le 22 juin 2019, il accueille même Shepard Fairey à l’Élysée, aux côtés de Mehdi Ben Cheikh, fondateur de la Galerie Itinerrance. Pourtant, la portée de la Marianne change dans la nuit du 13 au 14 décembre 2019 : dans un climat de contestation sociale et de crise sanitaire, des anonymes la détournent en inscrivant les mots #Marianne pleure” , en peignant des larmes de sang et en barrant la devise nationale. Loin de condamner ce geste, Shepard Fairey réagit et exprime sa solidarité : “Je me range du côté des personnes qui s’opposent à l’injustice, en particulier en ce qui concerne les droits de l’homme et mes croyances en la paix, l’harmonie et l’égalité.” L’artiste ajoute alors une larme bleue sur sa Marianne, symbole d’un combat durable, et d’espoir.

Rise above Rebel

Rise Above Rebel, Obey Giant - @giotto1965 sur Instagram
Rise Above Rebel, Obey Giant – @giotto1965 sur Instagram

Un autre visage féminin monumental s’impose avenue du Général Simon, toujours dans le 13e arrondissement. Rise Above Rebel constitue un appel vibrant à la résistance contre toute forme d’oppression. Cette fresque de 40 mètres de haut, réalisée au pochoir et achevée le 17 juin 2012, est la reproduction d’une des affiches de l’artistes, tirée en édition limitée à 450 exemplaires. 

Knowledge + Action

Knowledge + Action , Obey Giant - @jonathanfurlong sur Instagram
Knowledge + Action , Obey Giant – @jonathanfurlong sur Instagram

Enfin, comment ne pas évoquer sa célèbre fresque qui veille aux côtés de “Chuuuuuut” de Jef Aérosol et des sculptures de Nicky de Saint-Phalle sur la fontaine Stravinsky, à Beaubourg ? Sur fond bleu et mandala typiques de l’artiste, l’œuvre porte les phrases “The future is unwritten” (“le futur n’est pas écrit”) et “Knowledge + Action = Power” (“le savoir et l’action font le pouvoir”). Bref, un message d’émancipation et d’espoir en l’avenir.  Sur Instagram, l’artiste expliquait :

“L’apathie et l’ignorance promeuvent un déclin du civisme, donnant de l’ampleur aux forces qui promeuvent la peur, la division et le nationalisme. Nous devons toutes et tous comprendre l’importance de nous éduquer et d’agir pour le futur.”

Des œuvres discrètes dans les rues parisiennes

André the Giant, Obey Giant à Belleville - @girllovesgraffiti sur Instagram
André the Giant, Obey Giant à Belleville – @girllovesgraffiti sur Instagram

Au-delà de ces créations monumentales, plusieurs œuvres plus discrètes de Shepard Fairey se cachent dans les recoins des façades parisiennes. Parmi elles, on retrouve le fameux “André The Giant”, qui a marqué les débuts de l’artiste et est devenu sa véritable marque de fabrique. C’est le visage du catcheur français André Roussimoff, qui a donné naissance au slogan emblématique “Obey”, devenu marque de vêtements de l’artiste et pseudonyme. Quelques autres visages signés Obey Giant parsèment encore aujourd’hui les murs du Marais et de Belleville.

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Hôtel de Ville © Adobe Stock