Paris : dans l’atelier du décorateur d’intérieur Luis Laplace

À quelques pas de leur agence et de leur domicile, le décorateur d’intérieur Luis Laplace et son associé Christophe Comoy ont investi un atelier dédié à la céramique.

May 19, 2025 - 11:05
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Paris : dans l’atelier du décorateur d’intérieur Luis Laplace

Depuis la rue, des voilages à mi-hauteur de la vitrine dérobent au regard l’intérieur de cet ancien commerce situé à quelques pas de la place Saint-Georges, dans le quartier de la Nouvelle-Athènes. En tendant le cou, on distingue pourtant au mur des céramiques du photographe Jack Pierson — potier à ses heures —, quelques bas-reliefs en stuc du XIXe siècle et une affiche vintage de la Biennale internationale de la céramique d’art de Vallauris signée Pablo Picasso. Et tout au fond, un four. Rien n’indique pourtant l’activité commerciale de cet espace, pas d’enseigne sur la façade. Il s’agit de l’antre secret de Luis Laplace, architecte d’intérieur argentin basé en France. “Je viens ici dans la semaine parfois et plus souvent le week-end. J’écoute des podcasts, je dessine, je réfléchis, cela me permet de m’extirper de mon quotidien à l’agence, de prendre du recul ”, assure ce décorateur superstar dont les chantiers s’étendent sur tous les continents.

Accrochés au mur : une tête d’oiseau en métal de Léon Masson, une affiche ancienne, une étude pour vase tubulaire signée Pierre Lèbe, une nature morte de branches par Claude Jouhanneau, ainsi que des œuvres anonymes.

Voilà presque quinze ans que Luis Laplace et son associé Christophe Comoy résident dans un bel immeuble bordant la place Saint-Georges. Non contents d’y vivre, ils y ont également installé leurs bureaux à différents étages, leur agence ne cessant de croître. Un appartement de réception en rez-de-jardin, entre showroom et galerie, leur permet également de recevoir clients, amis et artistes. Luis Laplace compte en effet plusieurs figures majeures du monde de l’art contemporain dans ses aficionados. Outre la conception des galeries Hauser & Wirth, l’Argentin a également réalisé les intérieurs parisiens de Cindy Sherman et d’Emmanuel Perrotin. Sa constante ? Des espaces cultivés mêlant références au modernisme sud-américain, douceur scandinave et élégance parisienne. Toujours l’homme se plaît à chiner, visiter des expositions, s’ouvrir à de nouvelles découvertes. Le week-end, par exemple, vous avez de fortes chances de le croiser aux Puces. “J’achète beaucoup de céramiques des années 1950, des pièces françaises et suédoises. Je connais bien le travail de la terre, ayant pratiqué cet art quand j’avais 25 ans… Et puis la vie a fait que je n’ai plus vraiment eu le temps de m’y adonner. Je m’y remets aujourd’hui, dans une démarche d’abandon, ne sachant pas vraiment où je vais lorsque je modèle, où cela pourra me mener. Les gens ont désormais une approche plus organique, moins académique de la céramique. Cela me va très bien !”

Désireux de toujours repousser les limites de sa pratique, comme les murs de son domaine, Luis Laplace a donc investi un nouvel espace à quelques rues de sa maison et de son agence pour en faire son lieu de repli. “Christophe, mon partenaire, me reproche souvent de ne pas avoir de passion autre que mon travail et, en effet, je ne sais que travailler ! Hormis l’art, les arts appliqués, le design, rien ne m’intéresse vraiment. La céramique s’avère donc pour moi la parfaite échappatoire.” De ce repaire secret, entre cabinet de curiosités et atelier d’artiste, espace à la fonctionnalité indécise, émane une indéniable poésie. “Je me laisse ici aller à la rêverie.”

Sur la table, un modèle de crâne anatomique, une plaque de marbre et une paire de soliflores des années 1910 en dinanderie.