Savez-vous à quoi servait cet édifice méconnu de 86 kilomètres, bâti au 2e siècle ?
Saviez-vous qu’il existe la plus longue enfilade d’arches visible en France, soit une distance de 550m ? Partie la plus monumentale d’un ouvrage d’exception, cet édifice alimentait autrefois en eau la cité de Lugdunum, désormais connue comme Lyon, et les vestiges encore debout aujourd’hui sont un formidable rappel de cette histoire millénaire… Le vestige d’un […]

Saviez-vous qu’il existe la plus longue enfilade d’arches visible en France, soit une distance de 550m ? Partie la plus monumentale d’un ouvrage d’exception, cet édifice alimentait autrefois en eau la cité de Lugdunum, désormais connue comme Lyon, et les vestiges encore debout aujourd’hui sont un formidable rappel de cette histoire millénaire…
Le vestige d’un incroyable réseau
C’est l’histoire d’un édifice qui traverse aujourd’hui 21 communes, 11 dans le département de la Loire et 10 dans le Rhône, et dont le parcours a été reconnu en plus de 250 sites. Tandis que son débit est estimé à 15000 m3/jour, sa période de construction, telle qu’envisagée aujourd’hui, nous renvoie en plein milieu du Ier siècle après J.-C. Bâti sous le règne de l’empereur Hadrien, cet édifice exceptionnel alimentait en eau la ville antique de Lugdunum, aujourd’hui connue sous le nom de Lyon, et demeure le quatrième et dernier aqueduc construit pour alimenter la ville. Cette construction avait pour fonction d’amener l’eau du Gier, rivière à l’histoire millénaire, depuis Izieux près de Saint-Chamond (Loire). Preuve de l’importance de la ville à l’époque, 4 aqueducs alimentaient alors Lugdunum : le Mont d’Or, l’Yzeron, la Brévenne et le Gier. Ils formaient le réseau d’aqueducs le plus développé après celui de Rome. Contrairement aux autres aqueducs qui alimentent la ville antique, l’aqueduc du Gier ne s’alimente pas exactement à la source, mais directement à la rivière. De l’avis de nombreux experts, le barrage situé à Moulin-Combat est considéré comme le premier artefact de l’aqueduc, ou tout au moins sa prise d’eau. L’aqueduc romain du Gier parcourait 86 kilomètres, dont 6 sur la commune de Chaponost, avec une alternance de sections enterrées et aériennes permettant de gérer la variété du relief traversé.
Une prouesse technique qui n’en finit pas de fasciner
Aujourd’hui encore, l’aqueduc de Gier demeure l’une des plus importantes réalisations romaines dans le domaine hydraulique et l’une des plus grandes au monde. Étendu sur 86 km de long, l’aqueduc romain du Gier est exceptionnel de par l’alignement de 92 arches dont plus de 70 sont encore visibles dans toute leur élévation. C’est sur le site du Plat de l’Air que l’on trouve la plus longue section d’aqueduc actuellement visible en France : une enfilade de 72 arches se dressant majestueusement sur le site. L’enfilade d’arches se termine par un réservoir de chasse d’où partaient des tuyaux de plomb qui descendaient la colline jusqu’au pont siphon de Beaunant. Classé aux Monuments Historiques en 1875, ce pont aux caractéristiques uniques (arches en abîme, technique de conduite forcée) constitue l’un des ouvrages majeurs de l’aqueduc du Gier. Pour mieux se rendre compte de la véritable prouesse d’ingénierie qu’est ce pont, il suffit simplement d’expliquer que, sans siphon, il aurait fallu superposer l’équivalent de plusieurs ponts du Gard. Un projet qui aurait été tout simplement impossible, mais qui à la place a donné lieu à une prouesse technique magistrale toujours inégalée. Autre élément qui rend l’aqueduc si exceptionnel : le parement réticulé qui le couvre. Unique en France puisque son usage est peu répandu en dehors de l’Italie Centrale et Méridionale, ce parement réticulé se compose de petites pierres à face carrée, posées sur l’angle avec des joints inclinés à 45 degrés.
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Un élément désormais indissociable des randonnées
Tandis que le site du Plat de l’Air figurait dans la première liste des Monuments Historiques proposé par Prosper Mérimée en 1840, avant que le réservoir et le rampant du siphon soient classés au titre des Monuments Historiques en 1900, l’aqueduc romain du Gier de Chaponost est classé dans son entièreté au titre des Monuments Historiques, par listes de 1914. Ces dernières années, d’importants travaux de restauration ont eu lieu afin de limiter l’érosion, sécuriser le site, et valoriser l’édifice. De quoi permettre à cet édifice millénaire d’être encore présent parmi nous, mais surtout de faire profiter les amoureux d’architecture et de belles balades. Comme en témoigne par exemple l’inauguration en 2024 du balisage du sentier de l’aqueduc romain du Gier. Pour en profiter pleinement, des randonnées à la journée ou la demi-journée sont d’ailleurs organisées par l’Office de Tourisme pour découvrir plusieurs vestiges de l’Aqueduc romain du Gier. Pour les amoureux de belles balades, le sentier de l’aqueduc du Gier allie découverte d’un patrimoine exceptionnel au plaisir de la randonnée, depuis Saint-Maurice-sur-Dargoire jusqu’à Lyon. Un parcours ponctué des vestiges de cet ouvrage hydraulique mais également de beaux panoramas.
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Image à la une : Aqueduc du Gier © Adobe Stock