Au Père-Lachaise, cette tombe est sans cesse couverte de pommes de terre

Au cimetière du Père-Lachaise, une tombe insolite intrigue les visiteurs : elle est sans cesse couverte de pommes de terre. Un hommage amusant, à un homme qui a contribué à faire de ce tubercule un élément essentiel de la cuisine française : Antoine-Augustin Parmentier. On vous raconte l’histoire de ce pharmacien, nutritionniste, hygiéniste et agronome. […]

May 26, 2025 - 00:25
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Au Père-Lachaise, cette tombe est sans cesse couverte de pommes de terre

Au cimetière du Père-Lachaise, une tombe insolite intrigue les visiteurs : elle est sans cesse couverte de pommes de terre. Un hommage amusant, à un homme qui a contribué à faire de ce tubercule un élément essentiel de la cuisine française : Antoine-Augustin Parmentier. On vous raconte l’histoire de ce pharmacien, nutritionniste, hygiéniste et agronome.

Le tubercule mal-aimé

 

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Avant de devenir un incontournable de nos assiettes, la pomme de terre a longtemps eu mauvaise presse. Au XVIIIe siècle en France, on la soupçonne d’être porteuse de maladies comme la lèpre ou la peste, et elle est même bannie du royaume pendant près de vingt ans. Elle reste marginale et inconnue jusqu’à ce qu’un certain Antoine-Augustin Parmentier s’y intéresse. Capturé et emprisonné en Prusse lors de la Guerre de Sept Ans (1756-1763), ce jeune pharmacien militaire y découvre la pomme de terre, aliment de base là bas qui l’aide à survivre lors de sa captivité. Affamé, il en mange régulièrement, et ne tombe pas malade ! De retour à Paris à la fin de la guerre, cette découverte exceptionnelle ne quitte pas ses pensées, et il y consacre ses travaux, qui se heurtent encore à de nombreux détracteurs. 

Les ruses de Parmentier

Portrait de Parmentier assis dans son cabinet,en habit d’académicien, tenant un bouquet de toutes les plantes qu’il a étudiées, Dumont, 1812.
Portrait de Parmentier assis dans son cabinet,
en habit d’académicien, tenant un bouquet de toutes les plantes qu’il a étudiées, Dumont, 1812.

Pour le pharmacien, reste à convaincre les français des bienfaits de la pomme de terre : une lourde tâche qui le pousse à user de fins stratagèmes. Il organise régulièrement des dîners réunissant savants et personnalités illustres (parmi eux : Lavoisier ou Benjamin Franklin), autour de menus entièrement composés de plats à base de pomme de terre : une manière subtile de redorer le blason du tubercule. Mais le coup décisif, c’est la séduction de la cour versaillaise. Parmentier offre alors à Marie-Antoinette et à Louis XVI des bouquets de fleurs de pomme de terre : la reine les glisse dans ses cheveux, le roi dans sa boutonnière. Pari gagné : curieux et  grand amateur de sciences, Louis XVI lui accorde le droit de cultiver deux hectares dans les environs. La “parmentière” séduit la cour et s’invite même à la table royale. Parmentier met alors en place sa ruse décisive : il fait garder ses champs en plein jour pour attirer les convoitises…et les laisse sans surveillance la nuit. L’effet est immédiat : les plants sont “mystérieusement” pillés, et les français goûtent pour la première fois à la pomme de terre.

Une reconnaissance tardive… mais révolutionnaire

Ce n’est qu’en 1782 que la Faculté de médecine de Paris déclare officiellement la pomme de terre comestible. En 1771 déjà, Parmentier remportait un concours de l’Académie de Besançon dont l’intitulé était “Quels sont les végétaux qui pourraient être substitués en cas de disette et quelle devrait être la préparation.” -et l’on connaît sa réponse. Si à l’époque, il n’était pas encore parvenu à convaincre les français, il avait pourtant vu juste, puisque la pomme de terre permettra au pays de traverser la longue pénurie alimentaire qui suivra la Révolution. Parmentier et ses précieuses pommes de terre entrent dans la postérité, et subsiste aujourd’hui cette drôle de tradition qui lui rend hommage : venir déposer une pomme de terre sur sa tombe. 

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Crédit : @les_necroromantiques sur Instagram