Maximilien Luce, un peintre libertaire exposé au musée de Montmartre
De ses célèbres toiles divisionnistes à ses derniers paysages aux larges aplats, Maximilien Luce retranscrit des atmosphères : l’agitation des nouvelles villes industrielles, l’énergie physique des ouvriers d’un chantier, la noirceur des assassinats sous la Commune, mais aussi la vitalité des campagnes et des mers. Jusqu’au 14 septembre 2025, le musée de Montmartre s’intéresse à […]

De ses célèbres toiles divisionnistes à ses derniers paysages aux larges aplats, Maximilien Luce retranscrit des atmosphères : l’agitation des nouvelles villes industrielles, l’énergie physique des ouvriers d’un chantier, la noirceur des assassinats sous la Commune, mais aussi la vitalité des campagnes et des mers. Jusqu’au 14 septembre 2025, le musée de Montmartre s’intéresse à cet “instant du paysage” d’un peintre caractérisé par sa touche divisionniste et ses idées libertaires.
Un peintre sans école
De Maximilien Luce, on peut retenir l’indépendance. L’indépendance, tout d’abord, d’un peintre qui s’est vu refuser deux oeuvres au Salon officiel dès l’âge de 17 ans et qui, loin d’un découragement, y a puisé une profonde conviction, celle de défendre la liberté artistique sans chercher la reconnaissance institutionnelle. Son admiration pour Seurat et son amitié pour Signac marque durablement son oeuvre, comme on peut l’observer dès la première salle avec La Toilette (1887), toile dans laquelle il s’essaye à la technique divisionniste.
Ses expérimentations se poursuivent à travers les paysages montmartrois : on s’amuse d’ailleurs de cette mise en abyme, l’un de ses tableaux représentant la maison de Suzanne Valadon, actuel musée de Montmartre où nous nous trouvons ! La palette y est vive et franche, parvenant à saisir le dynamisme d’une végétation et les nuances de leurs ombres sur la façade.
Dans le cercle des anarchistes
Cette indépendance se retrouve dans ses engagements : très tôt, Maximilien Luce rejoint des groupes anarchistes de la capitale, et devient l’illustrateur de plusieurs magazines libertaires, à l’instar de La Révolte et du Père Peinard. Plusieurs dessins, portraits et paysages urbains, nous dévoilent ses talents de dessinateur : les traits sont précis et intenses, la composition est souvent rythmée par les hachures et les contrastes.
L’occasion, pour lui, de représenter des drames, dont la Semaine sanglante de la Commune, ou encore les recoins de sa cellule dans la prison de Mazas, lorsqu’il est incarcéré avec d’autres camarades après une vague d’attentats anarchistes liés à l’assassinat du président Sadi Carnot en 1894. Une pièce est entièrement dédiée à cet épisode, qu’il illustrera dans l’album Mazas avec le texte de Jules Vallès.
Des atmosphères, de la ville à la campagne
Tout comme ses prédécesseurs impressionnistes, Maximilien Luce s’intéresse aux transformations qui s’opèrent dans les villes modernes. Les ouvriers sont représentés en plein chantier, dans de grands formats, tandis que les architectures se perdent dans les terrils gigantesques et les cheminées fumantes.
Par contraste, à la manière d’un Pissarro, on retrouve du souffle dans ses paysages naturels, de sa lumineuse toile La Seine à Herblay, véritable chef-d’oeuvre divisionniste, à ses scènes tendres peintes tardivement dans le village de Rolleboise.
Romane Fraysse
Maximilien Luce. L’instinct du paysage
Musée de Montmartre
12 rue Cortot, 75018 Paris
Jusqu’au 14 septembre 2025
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Image à la une : Maximilien Luce, La Seine à Herblay, 1890. Huile sur toile, 50,3 × 79,3 cm. Paris, musée d’Orsay, inv. RF 1977 232 – © GrandPalaisRmn (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski